True Detective - Saison 1

Après quelques années je reviens vers cette série magistrale. J'ai bien sûr plus de recul aujourd'hui (par rapport à mon premier visionnage): je me retrouve à l'époque où les deux agents demandent à nos deux héros de se remémorer toute l'enquête, alors que la dernière fois c'était dans la peau de "Cohle et Hart" commençant leurs investigations que j'étais projeté. La passion est différente mais la force de l'oeuvre est intacte.
Un récit condensé et concentré, qui masque à peine le chaos derrière un voile d'illusion que chacun retient en s'agrippant du bout des doigts:
Lentement s'ouvre la terre, un marécage sec, vestige d'un autre temps, bouche géante, impersonnelle, contre-nature. On ressent avec les personnages une peur diffuse, la monstruosité s'annonce, nous enveloppe comme une haleine fétide qui sourd de cette cicatrice mise à jour par l'enquête, à moins que cela ne soit le fait d'une autre volonté, qui se manifeste peu à peu et par intermittence; peu d'effets spectaculaires, quelques indices, des va-et-vient discrets dans la temporalité des enquêteurs. On nous ménage, on nous prépare. Le générique d'ouverture est un rappel de ce puits sans fond, cette tristesse sans fin qui menace de nous engloutir, et chacun lutte à sa manière pour s'en échapper.
... Il est presque superflu d'ajouter que la mise en scène est parfaite, les comédiens complètement investis, mais je ne peux m'empêcher de m'acquitter de ce tribut à la raison tellement l'envoûtement est flagrant. Les épisodes l'un après l'autre le confirment et chacun se clôture par une musique qui sait nous consoler ou nous aspirer plus profondément encore. La magie opère indéniablement. Alors, commettre quelques mots en marge, comme des balises, pour retrouver son chemin on ne sait jamais!